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Illustration de "Le pont du milieu" , ecrit et interprété par Farid Chopel ©
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Farid Chopel © D.R.




 

 





















 

 


P r e s s e


Logo  Télérama.fr21 avril 2008

Farid Chopel : une silhouette, une époque

Il a traversé les années 80 avec élégance et humour. Le comédien Farid Chopel est décédé à 55 ans d'un cancer foudroyant. Son retour sur scène en 2004, après dix ans de galère, nous avait enchanté.

Personne n'oubliera sa longue silhouette dégingandée, sa gestuelle à la souplesse animale, son humour surréaliste. Le comédien Farid Chopel est décédé d'un cancer foudroyant dimanche 20 avril. Après une longue absence, il était revenu sur scène, en 2004 dans un one-man-show autobiographique, Le Pont du milieu. Il semblait n'avoir pas changé, mais Farid Chopel revenait de loin, de dix ans de galère durant lesquels il était « ailleurs » nous avait-il expliqué alors, et avait bien failli perdre la raison, dérivant de cure de désintoxication en coma éthylique.

Pourtant, tout avait bien débuté. Trop peut-être. Son enfance de jeune Beur ? Joyeuse, se souvenait-il, en dépit de la pauvreté qui le faisait habiter avec sa mère et sa grand-mère dans une minuscule chambre d'hôtel meublé du 18e arrondissement. Sa scolarité chez les frères ? Un très bon souvenir malgré la discipline ; il est souvent premier de la classe, y compris en catéchisme... Le racisme ? Il ne l'a jamais ressenti, même à l'époque de la guerre d'Algérie. Sa carrière, elle, avait commencé de manière fulgurante, en 1978, avec Chopelia, one-man-show où il campait un employé de bureau américain qui s'évade par le rêve d'une vie étriquée. Suivront Les Aviateurs, avec Ged Marlon, parodie burlesque des films hollywoodiens des années 50 mythifiant les pilotes US : un triomphe.

Réussite au cinéma aussi, où son personnage de forte tête dans L'Addition, de Denis Amar, en 1984, a marqué les mémoires. Tout comme une publicité pour une eau minérale gazeuse dont on lui parle encore. « J'avais été très gâté, il fallait bien que je paye un jour. » Il avait ensuite sombré dans l'alcoolisme jusqu'au moment où il avait réalisé que son avenir se jouait entre l'asile psychiatrique et le cimetière. A sa volonté farouche de s'en sortir s'était ajouté une rencontre déterminante avec un psy, dont la confiance lui avait permis de se reconstruire, et le soutien de sa compagne, toujours présente, en dépit de ce qu'il lui a fait vivre car « l'alcool rend bête, méchant et odieux ».

Le public, non plus, ne l'avait pas abandonné. Sans promotion, Le Pont du milieu avait rencontré le succès en 2004. Farid Chopel n'en revenait pas, d'autant que pour la première fois, il doutait : « Avant, j'étais naïf, insouciant, j'ai mis du temps à devenir adulte. » De ce parcours chaotique était né un spectacle sincère, pudique. Très souvent drôle, jamais misérabiliste. Il avait repris la formule de Louis Jouvet - un de ses acteurs préférés - dans le film Entrée des artistes, bien décidé à « mettre un peu d'art dans sa vie et un peu de vie dans son art »."

Il y a quelques semaines, Ged Marlon, son complice des Aviateurs, nous confiait l’inciter à préparer un nouveau spectacle. On s’était alors pris à rêver du jour où on retrouverait Farid Chopel sur scène, sa silhouette dégingandée, son humour pudique, son élégante auto-dérision. Depuis Le Pont du milieu, un de nos plus bouleversants souvenirs de théâtre, il nous manquait déjà. Aujourd’hui, il nous manque encore plus.

Michèle Bourcet

 

Contacts : écrire à f.chopel@voila.fr et simultanément à farid.chopel@farid-chopel.com