Cher
Farid, cher Fafa, Farman, je vais essayer de te rendre hommage,
simplement et dignement comme tu le mérites car tu
es quelqu'un de digne et de pudique. Comme tu peux le constater
il y a beaucoup de gens qui t'aiment, et je ne te cacherai
pas que nous sommes tous très tristes. Tu étais
une étoile filante donc tu as filé… mais
tu restes une étoile à jamais et tu n'as pas
fini de briller dans nos cœurs et nos esprits, pour ceux
qui en ont, évidemment !
Tu
es un immense artiste, tu as inscrit dans l'espace, des mouvements
qui n'existaient pas. Des mouvements qui resteront dans l'éternité,
ainsi que ta silhouette de grand burlesque ; Buster Keaton
m'a fait transmettre qu'il t'attendait de pied ferme ! J'ai
encore deux, trois trucs à régler mais gardez-moi
une place, ce serait sympa.
Tu étais un danseur virtuose et inclassable, un grand
clown de théâtre et un grand rebelle, et tu l'es
resté jusqu'au bout. Même à l'hôpital
où tu continuais de déconner et de nous faire
rire. Quelle leçon ! Farid Chopel : respect ! Grâce
à toi, je suis plus fort qu'avant.
Je
t'ai découvert dans Chopélia, un bijou
de surréalisme poétique et drôle, d'une
modernité incroyable, et quand je t'ai vu danser, j'ai
compris que tu n'étais pas comme les autres.
J'ai eu la chance de te connaître et de partager avec
toi, cette formidable aventure des Aviateurs, de grands
moments de bonheur sur scène et dans la vie. Nous étions
et resterons reliés par un fil invisible.
Avec le succès tu as été aspiré
par ta soif de vivre et ton côté rock'n roll,
très rock'n roll, à pris le dessus, excessivement,
jusqu'à mettre ton intégrité physique
en danger, ça a été douloureux, profondément,
mais ce qui est magnifique, c'est que tu t'es relevé,
et avec la fierté d'un ancien champion, tu as retrouvé
la force de revenir, de remonter sur scène, et le diamant
a à nouveau brillé.
Je
salue Brigitte ta compagne, une bonne étoile, de l'opéra
qui t'a accompagné dans cette résurrection.
Vous avez construit ensemble ton dernier spectacle : Le
Pont du milieu, dans lequel tu étais magnifique,
toujours aussi élégant, drôle et émouvant,
la grande classe… quel bonheur j'ai eu à te revoir,
quel bonheur tu as donné au public. Vraiment, respect
Farid.
Tu laisses derrière toi une empreinte artistique formidable,
tu as offert des cadeaux à la danse, au théâtre
et à la poésie, merci pour nous.
Tu
es parti très vite mais tu as été entouré
avec amour par Brigitte, bien sûr, par Jean-Baptiste
que tu aimais comme un fils, par ta famille évidemment,
et par tes amis proches.
Tu
es resté beau jusqu'à la fin, amaigri mais beau,
la classe jusqu'au bout, tu t'es endormi tranquille, avec
courage et dignité. De la part de tous les gens qui
sont venus te saluer, respect Farid.
Le
truc qui me fait chier, c'est que à la fin des Aviateurs
je mourrais dans tes bras et tu disais :
è morto, mio amico, è stupido ! Et aujourd'hui,
c'est moi qui prends ton rôle. È morto, mio amico,
è stupido…
Salut Fafa, on t'aime, on ne t'oubliera pas.
|
|